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Nouvelle littéraire

LA LISTE
 
 
C’était une simple et belle journées pluvieuse d’Octobre. Tout semblait tout à fait normal, mais plusieurs indices planaient subtilement dans l’air frais et humide, des indices qui annonçaient la venue d’un évènement aux allures sombres et terrifiantes. Car c’est souvent lors de journées qui nous semblent totalement ordinaires que surviennent les pires instants, sans qu’on ne les voit venir. 
 
Pendant seize ans, Daphnée avait possédé un don qui ne s’était jamais réellement manifesté auparavant. Mais aujourd’hui, pour la toute première fois de sa vie, celui-ci allait lui servir au point de devenir indispensable. L’adolescente était née avec un pouvoir qui comprenait la capacité à voir au-delà des choses. En d’autres mots, elle était probablement la seule à pouvoir déceler les indices dissimulés tout autour. 
 
À la vue des ombres qui se déformaient, créant une danse indépendante de toute être et de toute chose dont elles étaient le reflet tracé au charbon sur le sol, Daphnée avait crut devenir folle. Elle les avait entendu rire… Probablement que c’était simplement la voix d’un passant, mais quelque chose au plus profond d’elle-même, quelque chose d’indescriptible lui disait que cela venait des ombres. C’était totalement impossible, et l’adolescente en avait horriblement conscience. 
 
Celle-ci ferma donc les yeux en espérant effacer ces étranges visions, mais d’autres qui semblaient venir de quelqu’un d’autre lui parvenaient, comme si elle pouvait lire dans ses pensées. Cette personne avait une liste de gravée au creux de sa mémoire, une liste qui contenait des noms. En fouillant d’avantage dans les pensées de l’inconnu, Daphnée découvrit qu’il s’agissait des noms de ceux qui ne devaient pas mourir, car c’était le destin qui attendait tous ceux dont le nom n’y était pas inscrit. Heureusement, le sien s’y trouvait, mais l’adolescente ne trouva personne d’autre de sa famille. Cela lui brisa le cœur. Son esprit lui jouait-il des tours? Peut-être était-ce le cas, mais à chaque fois que Daphnée fermait les yeux, la liste apparaissait, et les mots écrits à l’encre noire revenaient la hanter. 
 
-Est-ce que ça va, Daph? 
 
Celle-ci rouvrit les yeux et aperçut François. C’était son ami d’enfance et elle n’avait pas l’habitude de lui cacher ses états d’âmes, mais cette fois-ci, il n’aurait pas compris. 
 
-Oui, ça va. J’ai juste mal à la tête. 
 
Ils prirent donc l’autobus comme si de rien n’était. Par contre, Daphnée regardait les élèves qui s’y trouvaient d’un œil différent. Ils allaient tous mourir… Mais pourquoi? Selon elle, ils méritaient tous de vivre, comme elle. Comme ceux dont le nom figurait sur la liste. Qu’avait-elle de si spécial pour mériter de voir mourir les gens qu’elle aimait? Rien. La réponse semblait si simple dans son esprit, mais à la fois masquée sous le voile de l’incertitude. Les noms avaient été choisis par hasard, sans raison précise, car il y a des phénomènes dans la vie qui s’averrent inexplicables, des choses qu’il est inutile d’essayer de comprendre, puisqu’ aucune raison ne les justifie. Aucune. 
 
Les visions s’étaient, aussi, soudainement multipliées et étaient toujours aussi improbables les unes que les autres, dénudées de sens et à la fois débordante de significations, comme dans un rêve. Les images s’entrechoquaient dans sa tête comme autant de pièces d’un casse-tête qui cherchaient à s’assembler, sans toutefois y parvenir. La mort s’approchait, elle le savait, et inévitablement, elle ne pouvait rien y faire. 
 
Son pressentiment fût confirmé durant son cours de maths. L’adolescente détestait cette matière et l’enseignant l’endormait à force de parler de choses incompréhensibles et qui lui semblaient totalement inutiles. Alors, sans prendre le temps d’y penser, ses paupières s’alourdirent, et Daphnée se surpris à fermer les yeux. Elle revit aussitôt la liste, mais plus étrange encore, elle voyait maintenant des corridors familiers à travers le regard du tueur : C’était ceux de son école. 
 
Sur ce, elle se réveilla en sursaut et toute la classe se retourna vers elle, se demandant tous ce qui se passait. 
 
-Qu’est-ce qui t’es arrivé dans le cours de maths? Lui demanda François pendant les dix minutes de battement. 
 
-J’te l’ai dit, j’ai mal à la tête. 
 
Mais l’adolescent savait que celle-ci mentait, il la connaissait assez bien pour en tirer cette conclusion. 
 
-Allez, qu’est-ce que t’as, j’veux savoir. J’sais que t’es pas dans ton état habituel, ça ce voit. 
 
L’adolescente resta silencieuse un moment, puis brisa le silence, lui expliquant ses visions, surtout la liste. 
 
-Alors c’est comme une sorte d’Apocalypse? 
 
-Si on veut, oui. 
 
François laissa échapper un sifflement, comme il le faisait toujours lorsqu’il apprenait que quelque chose d’important se préparait à la toute dernière minute. 
 
-Est-ce que tu sais si mon nom est sur la liste? 
 
Daphnée ferma les yeux et se mit à chercher dans la mémoire du meurtrier inconnu qui avait le projet de tuer presque tout le monde. Elle chercha, chercha, mais ne le trouva pas. 
 
-Non, il n’y est pas. 
 
Sur ce, l’atmosphère se tendit. Ce n’est jamais facile d’accepter sa mort, et la savoir à l’avance est sans doute la pire chose qui ne puisse pas arriver à un homme. 
 
Soudain, l’adolescente s’immobilisa, plus blanche encore que les murs de l’école. La mort était là, devant elle, fauche à la main, squelettique, drapée dans une robe noire à capuchon qui cachait entièrement son visage, comme dans les films. 
 
-François, devant toi… La faucheuse d’âmes… 
 
Celui-ci la regarda, puis la mort, puis elle. 
 
-Pourquoi dis-tu ça? Ce n’est qu’un petit enfant. 
 
En effet, c’était ce que toute personne normalement constituée voyait. C’est sans doute pour cette raison que la mort arrive souvent sans qu’on ne puisse la voir venir. Elle se camouflait derrière l’image d’un petit garçon inoffensif, tout blond et souriant, passant inaperçue, comme un enfant déguisé parmi tant d’autres qui vient réclamer ses bonbons de porte en porte le jour de l’Halloween. Qui aurait crut qu’un enfant pouvait cacher une chose aussi horrible derrière lui? 
 
-C’est la mort, j’en suis sûre, reprit Daphnée. Parce que, quand j’ferme les yeux, c’est moi que j’vois, à travers le regard de quelqu’un d’autre. 
 
François avait du mal à la croire, mais il savait que si elle voyait la faucheuse d’âme, alors c’était réellement ça, et non un petit garçon au regard pétillant qui disait s’être perdu. Donc, il était vraiment clair pour lui qu’il fallait tuer l’enfant, sinon, ce serait la fin du monde, ou son équivalent. 
 
D’un geste qu’il voulu subtil, l’adolescent empoigna le canif qu’il portait toujours sur lui et l’enfonça rapidement dans la poitrine de l’enfant, en plein cœur. Mais étrangement, cela n’avait aucun effet sur le petit garçon qui affichait de plus belle son sourire blanc et brillant derrière lequel se cachait la plus horrible des personnalités. Puis, tout à coup, la peau pêche 
du bambin se mit à fondre, et sans qu’aucun des deux adolescents ne puisse expliquer comment, celui-ci retrouva son vrai visage, soit celui vide et terrifiant de la mort. 
 
François eût aussitôt un mouvement de recul, puis saisit la main de Daphnée qui avait, aussi impuissant et immobile qu’une poupée de cire, assisté à cette scène des plus étranges. 
 
-Fuyons! Lui lança-t-il, courant maintenant à travers les corridors à la recherche d’un endroit sûr autre qu’une salle de classe, car la cloche avait sonné depuis longtemps. 
 
En tournant à l’extrémité d’un passage, ils aperçurent une porte ouverte qui semblait les accueillir les bras grands ouverts. Les adolescents y entrèrent en courant et fermèrent rapidement la porte derrière eux. Ils faisaient tous deux dos à la porte en y exerçant une pression pour que personne ne puisse y entrer. La pièce dans laquelle Daphnée et François se trouvaient était si sombre qu’on ne pouvait rien voir. Rien, sauf un brouillard épais et noir. 
 
Ce qui rassurait l’adolescente, c’était d’entendre la respiration saccadée de son compagnon qui rejoignait la sienne. Mais soudain, cet écho qui agissait sur elle comme une douce berceuse cessa d’un coup et quelque chose tomba sur le sol dans un bruit sourd qui la fit paniquer d’avantage. 
 
-François? 
 
Aucune réponse. Le seul bruit qui régnait à présent était celui lourd et déchirant du silence, celui qui laissait envisager le pire. 
 
Daphnée ferma alors les yeux, et ce qu’elle vit lui confirma ses pensées les plus horribles : La mort se tenait devant elle, avait tué François, et restait là, immobile, à la regarder pendant que toutes sortes de questions se chevauchaient dans l’esprit de l’adolescente. Mais celles qui revenaient le plus souvent étaient pourquoi était-il mort et pas elle? Pourquoi se retrouvait-elle sur la liste? 
 
Sur ce, la faucheuse d’âme s’avança dans la pénombre, comme si elle avait lut dans les pensées de Daphnée comme celle-ci pouvait le faire. 
 
-C’est dur, n’est-ce pas? Lui demanda la mort. Eh bien, tu devras t’y habituer… 
 
C’est alors que, dans un geste qu’elle voulut solonel, la mort écarta les doigts de la main droite de l’adolescente, dévoilant sa main, et y déposa un objet qui allait la suivre et lui servir tout au long de son existence : une seconde fauche. 
 
 
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Modifié en dernier lieu le 24.01.2005